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UNE FEMME M’APPARUT…

Elle ne me répondit que par son grave sourire.

Je ne sais pourquoi l’image de Dagmar, ce poème de porcelaine, se dressa entre nous avec son charme inquiétant de fragilité.

Une angoisse plus terrible que toutes les angoisses humaines m’étreignit à ce moment. Mes prunelles s’attachèrent sur les prunelles d’Éva, grises et lointaines et comme vues à travers des fumées d’encens.

Je répétai les paroles d’hier :

« Ne crains-tu rien, Éva ?

— Je ne crains rien, » dit-elle.

Ce fut comme un murmure d’orgue au fond des chapelles crépusculaires.

« Seras-tu plus forte que mon mal ? » implorai-je.

« Je serai plus forte que tous les maux humains, puisque je suis la pitié. »

Il se fit autour de nous un silence religieux. Je n’osai point lui sangloter : Je t’aime !