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UNE FEMME M’APPARUT…

bare. L’orgueil du conquérant masculinisait sa voix despotique.

« Je le savais, et c’est pour cela que je suis venue vers toi. »

Je redoutai, comme jadis, son cruel sourire.

« Je ne te suivrai point, Vally. »

Elle me regarda fixement. Le pli de ses lèvres se contractait en un mépris inexprimable.

« Je t’ai peu comprise, Vally, et je t’ai mal aimée. Je n’ai pas su dompter mon âme jalouse. Je n’ai pas su vaincre la rancœur et la défiance et la haine qui intensifiaient et corrompaient ma misérable passion. J’ai été l’être le plus bassement soupçonneux et le plus amer qui jamais se soit rendu odieux à lui-même. Je t’ai importunée en me torturant par mille supplices raffinés. J’ai été le bourreau de mon âme. Pour tout ce qui ne fut point digne de toi et de moi, je te demande pardon dans un agenouillement infini. »

Les prunelles dédaigneuses ne quittèrent point les miennes.