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UNE FEMME M’APPARUT…

Tu ne me juges pas aussi clairement que je me juge moi-même, et tu dis m’avoir aimée et m’aimer encore !… L’orgueil avec lequel tu t’obstines à ne considérer que mes laideurs prouve qu’il y a en toi un vampire ivre de férocité. Moi, je suis plus heureuse ; je vois exclusivement ce que je veux voir, et encore assez peu et assez mal pour sauvegarder mes illusions… Tu me reviendras. Je te le disais autrefois c’est toi qui es l’être de cruauté, puisque tu me fais souffrir stupidement, et que tu ne me places pas, d’une façon définitive, à l’abri de tout soupçon, dans le sanctuaire de ton âme. Je me joue des hommes parce que je me plais à les faire souffrir, et parce que cela m’amuse quelquefois. Mais jamais je n’ai aimé un homme, cela, je puis te le jurer en toute loyauté… Je t’ai dit encore : Ne m’accable point de jalousies et de méfiances, lorsque je tends vers toi mes mains avides et ne veux pour toujours que ta tendresse… Ne détruis pas une chose belle de sa force invincible. Je tiens à toi par-dessus les passions et les jours, — tout le reste n’est qu’une