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UNE FEMME M’APPARUT…

Païenne, « d’un conte que vous m’avez égrené autrefois. Vos paroles tremblaient à travers un crépuscule fantômal, frissons d’un Au-Delà gris de terreurs. Redites-nous le conte des Serpents Morts, San Giovanni. »

D’un chuchotement solennel, la poétesse évoqua la vision que lui avait suggérée un soir où grelottaient sournoisement des angoisses inavouées.

« C’est le récit d’un aventurier américain perdu dans les montagnes, » expliqua-t-elle.

Elle commença :

« J’errais depuis plusieurs jours sur la montagne… Les rochers me divertissaient par leurs ressemblances fantastiques avec des visages et des animaux. Certains étaient pareils à des chimères accroupies, et d’autres à des Nixes attentives. J’y reconnaissais encore des requins et des baleines, des obélisques, des crocodiles et des croupes de femmes. C’étaient aussi des torses de géants torturés et des nonnes à genoux sous un grand voile de pierre.

« Je jouais avec les lézards beaux et mali-