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UNE FEMME M’APPARUT…

Deux sœurs se disputèrent ensuite le cœur mobile de Vally. Toutes deux étaient pâlement blondes comme un soleil boréal. Mais leur règne fut de courte durée. L’amante incertaine les oublia, éprise d’une petite Américaine au désirable sourire d’amoureuse. Nulle ne sut retenir sa pensée fugitive ni fixer son cœur indécis.

Néanmoins, j’enviai ces puériles bien-aimées, car elles avaient eu d’elle, ne fût-ce que pendant un instant, un baiser sincère.

« Je ne t’aime pas, » me disait-elle dans ses moments de loyauté. « Peut-être apprendrai-je à t’aimer plus tard. Tu m’enseigneras peu à peu la mansuétude et la tendresse. »

Et, avec une patience douloureuse, je guettais le regard adouci que, depuis si longtemps, j’attendais en vain.

L’été s’enfiévra de roses, l’été rayonna sur les mers, et Vally m’intima l’ordre de l’accompagner en Amérique. Je la suivis, comme au jour où j’avais abandonné pour elle mes espoirs et mes souvenirs.