Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/46

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réclamant la peine édictée par la loi contre le crime d’incendie : la déportation en Sibérie.

On interrogea un grand nombre de témoins. Le seigneur d’Ivanofka déclara qu’aucun doute ne subsistait dans son esprit : seule Akoulina avait pu mettre le feu à la maison. D’autres personnes respectables fournirent des renseignements fâcheux sur l’accusée, nature brutale, aigrie par la misère. Les dépositions des villageois furent sans intérêt. Aucun ne se départit de l’attitude invariable des paysans devant la justice : une circonspection craintive, des phrases vagues éludant les questions directement posées, un grand soin à ne charger personne, un plus grand encore à ne pas se compromettre. Ils ne savaient pas comment le malheur était arrivé : quelques-uns avaient entendu dire qu’on avait tenu des propos, mais