Page:Voiture - Lettres, t. 1, éd. Uzanne, 1880.djvu/55

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mis en son pouvoir, et je crains que les Espagnols ne vous veüillent non plus rendre que la Valteline. Et, certes, cette crainte me donneroit de la peine si je ne sçavois bien que ceux du conseil d’Espagne ne sont pas maistres de leurs resolutions depuis que vous estes en ce païs-là, et que vous y avez desja trop fait de serviteurs pour y recevoir quelque violence. Nous devons donc espérer qu’aussi-tost que le soleil, qui brûle les hommes et qui tarit les rivières, commencera à s’échauffer, vous reviendrez icy retrouver le printemps, que vous avez desja passé delà, et y recevoir des violettes après avoir veu tomber des roses. Pour moy, je souhaitte cette saison avec impatience, non pas tant à cause qu’elle nous doit rendre les fleurs et les beaux jours que pource qu’elle vous doit ramener ; et je vous jure que je ne la trouverois pas belle si elle revenoit sans vous. Je pense que vous croirez aisément ce que je vous dis, car je sçay bien que vous m’estimez assez bon pour désirer avec passion un bon-heur qui regarde tant de personnes. Et, de plus, vous sçavez que je suis particulièrement, Monseigneur, vostre, etc.


À Paris, ce 8 mars 1627

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