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CHAPITRE XII.

fiente de vache, et à prononcer mystérieusement Aûm ; c’est le musulman qui croit avoir tout réparé en se lavant la tête et les bras, et qui dispute, le sabre à la main, s’il faut commencer par le coude ou par le bout des doigts ; c’est le chrétien qui se croirait damné s’il mangeait de la graisse au lieu de lait ou de beurre. Ô doctrines sublimes et vraiment célestes ! ô morales parfaites et dignes du martyre et de l’apostolat ! je passerai les mers pour enseigner ces lois admirables aux peuples sauvages, aux nations reculées ; je leur dirai : Enfants de la nature ! jusques à quand marcherez-vous dans le sentier de l’ignorance ? Jusques à quand méconnaîtrez-vous les vrais principes de la morale et de la religion ? Venez en chercher les leçons chez les peuples pieux et savants, dans des pays civilisés ; ils vous apprendront comment, pour plaire à Dieu, il faut, en certains mois de l’année, languir de soif et de faim tout le jour ; comment on peut verser le sang de son prochain, et s’en purifier en faisant une profession de foi et une ablution méthodique ; comment on peut lui dérober son bien, et s’en absoudre en le partageant avec certains hommes qui se vouent à le dévorer.

« Pouvoir souverain et caché de l’univers ! moteur mystérieux de la nature ! ame universelle des êtres ! toi que, sous tant de noms divers, les mortels ignorent et révèrent ; être incompréhensible,