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LES RUINES.

des sociétés viennent de la cupidité et de l’ignorance, les hommes ne cesseront d’être tourmentés qu’ils ne soient éclairés et sages ; qu’ils ne pratiquent l’art de la justice, fondée sur la connaissance de leurs rapports et des lois de leur organisation. »


CHAPITRE XIII.



L’espèce humaine s’améliorera-t-elle ?

À ces mots, oppressé du sentiment douloureux dont m’accabla leur sévérité : « Malheur aux nations ! m’écriai-je en fondant en larmes ; malheur à moi-même ! Ah ! c’est maintenant que j’ai désespéré du bonheur de l’homme. Puisque ses maux procèdent de son cœur, puisque lui seul peut y porter remède, malheur à jamais à son existence ! Qui pourra, en effet, mettre un frein à la cupidité du fort et du puissant ? Qui pourra éclairer l’ignorance du faible ? Qui instruira la multitude de ses droits, et forcera les chefs de remplir leurs devoirs ? Ainsi, la race des hommes est pour toujours dévouée à la souffrance ! Ainsi, l’individu ne cessera d’opprimer l’individu, une nation d’attaquer une autre nation, et jamais il ne renaîtra pour ces contrées des jours de prospérité et de gloire. Hélas ! des conquérants viendront ; ils chasseront les