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NOTICE SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

au point qu’à l’âge de onze ans il n’osait rester seul la nuit. Sa santé se montra dès-lors ce qu’elle fut toujours, faible et délicate.

« Il n’avait encore que sept ans, lorsque son père le mit à un petit collège tenu à Ancenis par un prêtre bas-breton, qui passait pour faire de bons latinistes. Jeté là, faible, sans appui, privé tout à coup de beaucoup de soins, l’enfant devint chagrin et sauvage. On le châtia ; il devint plus farouche, ne travailla point, et resta le dernier de sa classe. Six ou huit mois se passèrent ainsi ; enfin un de ses maîtres en eut pitié, le caressa, le consola ; ce fut une métamorphose en quinze jours : Boisgirais s’appliqua si bien, qu’il se rapprocha bientôt des premières places, qu’il ne quitta plus… »

Le régime de ce collège était fort mauvais, et la santé des enfants y était à peine soignée ; le directeur était un homme brutal, qui ne parlait qu’en grondant, et ne grondait qu’en frappant. Constantin souffrait d’autant plus, qu’il pouvait à peine se plaindre. Jamais son père ne venait le voir ; jamais il n’avait paru avoir pour son fils cette sollicitude paternelle qui veille sur son enfant, lors même qu’elle est forcée de le confier à des soins étrangers. Doué d’une ame sensible et aimante, Constantin ne pouvait s’empêcher de remarquer que ses camarades n’avaient pas à déplorer la même indifférence de la part de leurs