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CHAPITRE XXI.

Et le législateur dit : Avez-vous des témoins vivants ?

Non, répondirent-ils tous : les faits sont anciens, les témoins sont morts ; mais ils ont écrit.

Soit, reprit le législateur ; mais s’ils sont en Contradiction, qui les conciliera ?

Juste arbitre ! s’écria un des étendards, la preuve que nos témoins ont vu la vérité, c’est qu’ils sont morts pour la témoigner, et notre croyance est scellée du sang des martyrs.

Et la nôtre aussi, dirent les autres étendards : nous avons des milliers de martyrs qui sont morts dans des tourments affreux, sans jamais se démentir. Et alors les chrétiens de toutes les sectes, les musulmans, les Indiens, les Japonais, citèrent des légendes sans fin de confesseurs, de martyrs, de pénitents, etc.

Et l’un de ces partis ayant nié les martyrs des autres : Eh bien ! dirent-ils, nous allons mourir pour prouver que notre croyance est vraie. Et dans l’instant une foule d’hommes de toute religion, de toute secte, se présentèrent pour souffrir des tourments et la mort. Plusieurs même commencèrent de se déchirer les bras, de se frapper la tête et la poitrine, sans témoigner de douleur.

Mais le législateur les arrêtant : Ô hommes ! leur dit-il, écoutez de sang-froid mes paroles : si vous mouriez pour prouver que deux et deux