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LES RUINES.

§ VIII. Huitième système. Monde-Machine, culte du Démi-Ourgos ou Grand-Ouvrier.


« Jusque-là les théologiens, en s’exerçant sur les substances déliées et subtiles, de l’éther et du feu-principe, n’avaient cependant pas cessé de traiter d’êtres palpables et perceptibles aux sens, et la théologie avait continué d’être la théorie des puissances physiques, placées tantôt spécialement dans les astres, tantôt disséminées dans tout l’univers ; mais à cette époque, des esprits superficiels, perdant le fil des idées qui avaient dirigé ces études profondes, ou ignorant les faits qui leur servaient de base, en dénaturèrent tous les résultats par l’introduction d’une chimère étrange et nouvelle. Ils prétendirent que cet univers, ces cieux, ces astres, ce soleil, n’étaient qu’une machine d’un genre ordinaire ; et à cette première hypothèse appliquant une comparaison tirée des ouvrages de l’art, ils élevèrent l’édifice des sophismes les plus bizarres. « Une machine, dirent-ils, ne se fabrique point elle-même : elle a un ouvrier antérieur, elle l’indique par son existence. Le monde est une machine : donc il existe un fabricateur. »

« De là, le démi-ourgos ou grand-ouvrier, constitué divinité autocratrice et suprême. Vainement l’ancienne philosophie objecta que l’ou-