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CHAPITRE XXII.

« Maintenant, si vous résumez l’histoire entière de l’esprit religieux, vous verrez que dans son principe il n’a eu pour auteur que les sensations et les besoins de l’homme ; que l’idée de Dieu n’a eu pour type et modèle que celle des puissances physiques, des êtres matériels agissant en bien ou en mal, c’est-à-dire en impressions de plaisir ou de douleur sur l’être sentant ; que, dans la formation de tous ces systèmes, cet esprit religieux a toujours suivi la même marche, les mêmes procédés ; que dans tous, le dogme n’a cessé de représenter, sous le nom des dieux, les opérations de la nature, les passions des hommes et leurs préjugés ; que dans tous, la morale a eu pour but le désir du bien-être et l’aversion de la douleur ; mais que les peuples et la plupart des législateurs, ignorant les routes qui y conduisaient, se sont fait des idées fausses, et par-là même opposées, du vice et de la vertu, du bien et du mal, c’est-à-dire de ce qui rend l’homme heureux ou malheureux ; que dans tous, les moyens et les causes de propagation et d’établissement ont offert les mêmes scènes de passions et d’événements, toujours des disputes de mots, des prétextes de zèle, des révolutions et des guerres suscitées par l’ambition des chefs, par la fourberie des promulgateurs, par la crédulité des prosélytes, par l’ignorance du vulgaire, par la cupidité exclusive et l’orgueil intolérant de tous : enfin, vous verrez