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CHAPITRE XXIV.

selle ; et chacun y répondant diversement, les uns disaient oui, d’autres disaient non, ceux-ci, que cela était probable ; ceux-là, que la question était oiseuse, ridicule ; et d’autres, que cela était bon à savoir : et ce fut une discordance générale.

Après quelque temps, le législateur ayant rétabli le silence : « Peuples, dit-il, expliquez-nous ce problème. Je vous ai proposé plusieurs questions, sur lesquelles vous avez tous été d’accord, sans distinction de race ni de secte : hommes blancs, hommes noirs, sectateurs de Mahomet ou de Moïse, adorateurs de Boudda ou de Iêsous, vous avez tous fait la même réponse. Je vous en propose une autre, et vous êtes tous discordants ! Pourquoi cette unanimité dans un cas, et cette discordance dans un autre ? »

Et le groupe des hommes simples et sauvages prenant la parole, répondit : « La raison en est simple : dans le premier cas, nous voyons, nous sentons les objets, nous en parlons par sensation ; dans le second, ils sont hors de la portée de nos sens ; nous n’en parlons que par conjecture. »

« Vous avez résolu le problème, dit le législateur ; ainsi, votre propre aveu établit cette première vérité :

« Que toutes tes fois que les objets peuvent être soumis à vos sens, vous êtes d’accord dans votre prononcé ;

« Et que vous ne différez d’opinion, de sentiment,