Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/102

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cruauté et l’orgueil des puissans, j’ai été transporté d’indignation, et j’ai dit, dans ma colère : eh quoi ! Il ne s’élèvera pas sur la terre des hommes qui vengent les peuples et punissent les tyrans ! Un petit nombre de brigands dévore la multitude ; et la multitude se laisse dévorer ! ô peuples avilis ! Connoissez vos droits ! toute autorité vient de vous : toute puissance est la vôtre. Vainement les rois vous commandent de par Dieu et de par leur lance ; soldats, restez immobiles : puisque Dieu soutient le sultan, votre secours est inutile ; puisque son épée lui suffit, il n’a pas besoin de la vôtre : voyons ce qu’il peut par lui-même… les soldats ont baissé les armes ; et voilà les maîtres du monde faibles comme les derniers de leurs sujets ! Peuples ! Sachez donc que ceux qui vous gouvernent sont vos chefs et non pas vos maîtres ;


vos préposés, et non pas vos propriétaires ; qu’ils n’ont d’autorité sur vous que par vous et pour votre avantage ; que vos richesses sont à vous, et qu’ils vous en sont comptables ; que rois ou sujets, Dieu a fait tous les hommes égaux, et que nul des mortels n’a droit d’opprimer son semblable. Mais cette nation et ses chefs ont méconnu ces vérités saintes… eh bien ! Ils subiront les conséquences de leur aveuglement… l’arrêt en est porté ; le jour approche, où ce colosse de puissance brisé, écroulera sous sa propre masse : oui, j’en jure par les ruines de tant d’empires détruits ! l’empire du croissant subira le sort des états