Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/111

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aussi invinciblement à se rendre heureux, que le feu à monter, que la pierre à graviter, que l’eau à se niveler. Son obstacle est son ignorance qui l’égare dans les moyens, qui le trompe sur les effets et les causes. à force d’expérience, il s’éclairera ; à force d’erreurs, il se redressera ; il deviendra sage et bon, parce qu’il est de son intérêt de l’être ; et, dans une nation, les idées se communiquant, des classes entières seront instruites, et la science deviendra vulgaire ; et tous les hommes connaîtront quels sont les principes du bonheur individuel, et de la félicité publique ; ils sauront


quels sont leurs rapports, leurs droits, leurs devoirs dans l’ordre social ; ils apprendront à se garantir des illusions de la cupidité ; ils concevront que la morale est une science physique, composée, il est vrai, d’élémens compliqués dans leur jeu, mais simples et invariables dans leur nature, parce qu’ils sont les élémens mêmes de l’organisation de l’homme. Ils sentiront qu’ils doivent être modérés et justes, parce que là est l’avantage et la sureté de chacun ; que vouloir jouir aux dépens d’autrui, est un faux calcul d’ignorance, parce que de là résultent des représailles, des haines, des vengeances, et que l’improbité est l’effet constant de la sottise. Les particuliers sentiront que le bonheur individuel est lié au bonheur de la société ; les faibles, que loin de se diviser d’intérêts, ils doivent s’unir, parce que l’égalité fait leurs forces ;