Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/113

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même famille gouvernée par un même esprit, par de communes lois, et jouissant de toute la félicité dont la nature humaine est capable. Ce grand travail, sans doute, sera long, parce qu’il faut qu’un même mouvement se propage dans un corps immense ; qu’un même levain assimile une énorme masse de parties hétérogènes ; mais enfin ce mouvement s’opérera ; et déjà les présages de cet avenir se déclarent. Déjà la grande société, parcourant dans sa marche les mêmes phases que les sociétés partielles, s’annonce pour tendre aux mêmes résultats. Disoute d’abord dans toutes ses parties, elle vit long-tems ses membres sans cohésion ; et l’isolement général des peuples forma son premier âge d’anarchie et d’enfance : partagée ensuite au hasard en sections irrégulières d’états et de royaumes, elle a subi les fâcheux effets de l’extrême inégalité des richesses, des conditions ; et l’aristocratie des grands empires a formé son second âge ; puis


ces grands privilégiés se disputant la prédominance, elle a parcouru la période du choc des factions. Et maintenant les partis, las de leurs discordes, sentant le besoin des lois, soupirent après l’époque de l’ordre et de la paix. Qu’il se montre un chef vertueux ! Qu’un peuple puissant et juste paroisse ! Et la terre l’élève au pouvoir suprême : la terre attend un peuple législateur ; elle le desire, elle l’appelle, et mon cœur l’entend… et tournant la tête du côté de l’occident : oui, continua-t-il, déjà un bruit sourd frappe mon oreille : un cri de liberté, prononcé