Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/115

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Le génie se tut… cependant, prévenu de noirs sentimens, mon esprit demeura rebelle à la persuasion ; mais craignant de le choquer par ma résistance, je demeurai silencieux… après quelque intervalle, se tournant vers moi et me fixant d’un regard perçant… tu gardes le silence, reprit-il ! Et ton cœur agite des pensées qu’il n’ose produire !… interdit et troublé : ô génie, lui dis-je, pardonne ma faiblesse : sans doute ta bouche ne peut proférer que la vérité ; mais ta céleste intelligence en saisit les traits, là où mes sens grossiers ne voient que des nuages. J’en fais l’aveu : la conviction n’a point pénétré dans mon ame, et j’ai craint que mon doute ne te fût une offense. Et, qu’a le doute, répondit-il, qui en fasse un crime ? L’homme est-il maître de sentir autrement qu’il n’est affecté ?… si une vérité est palpable, et d’une pratique importante, plaignons celui qui la méconnaît : sa peine naîtra de son aveuglement. Si elle est incertaine, équivoque, comment lui trouver le caractère


qu’elle n’a pas ? Croire sans évidence, sans démonstration, est un