Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/121

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à peine eut-il achevé ces mots, qu’un bruit immense s’éleva du côté de l’occident ; et, y tournant mes regards, j’aperçus, à l’extrémité de la Méditerranée, dans le domaine de l’une des nations de l’Europe, un mouvement prodigieux, tel qu’au sein d’une vaste cité, lorsqu’une sédition violente éclate de toutes parts, on voit un peuple innombrable s’agiter et se répandre à flots dans les rues et les places publiques. Et mon oreille, frappée de cris poussés jusqu’aux cieux, distingua par intervalles ces phrases : " quel est donc ce prodige nouveau ? Quel est ce fléau cruel et mystérieux ? Nous sommes une nation nombreuse ; et nous manquons de bras ! Nous avons un sol excellent ; et nous manquons de denrées ! Nous sommes actifs, laborieux ; et nous vivons dans l’indigence ! Nous payons des tributs énormes ; et l’on nous


dit qu’ils ne suffisent pas ! Nous sommes en paix au dehors ; et nos personnes et nos biens ne sont pas en sureté au dedans ! Quel est donc l’ennemi caché qui nous dévore ". Et des voix parties du sein de la multitude, répondirent : " élevez