Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/124

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pure des conquérans de cet empire ? Rappelons a cette multitude nos droits et son origine.

LES NOBLES. « Peuple ! oubliez-vous que nos ancêtres ont conquis ce pays, et que votre race n’a obtenu la vie qu’à condition de nous servir ? Voilà notre contrat social, voilà le gouvernement constitué par l’usage et prescrit par le temps.

LE PEUPLE.

« Race pure des eonquerans ! montrez-nous vos ge’ne’alogies, nous verrons ensuite si ce qui dans un individu est vol et rapine, devient vertu dans une nation. »

Et, à l’instant, des voix elevées de divers côtes commencèrent à appeler par leurs noms une foule d’individus nobles ; et, citant leur origine et leur parenté, elles racontèrent comment l’aïeul, le bisaïeul, le père lui-même, nés marchands, artisans, après s’être enrichis par des moyens quelconques, avaient acheté, à prix d’argent, la noblesse : en sorte qu’un très petit nombre de familles étaient réellement de souche ancienne. « Voyez, disaient ces voix, voyez ces roturiers parvenus qui renient leurs parens ; voyez ces recrues plébéiennes qui se croient des vétérans illustres ! » Et ce fut une rumeur de risée. Pour la détourner, quelques hommes astucieux s’écrièrent : « Peuple doux et fidèle, reconnaissez l’autorité légitime (15) : le Roi veut, la loi ordonne.