Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/135

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où sont nos prérogatives de naissance, d’hérédité ? Et que devient la noblesse ? S’ils sont tous égaux devant Dieu, où est le besoin de médiateurs ? Et que devient le sacerdoce ? Ah ! Pressons-nous de détruire un germe si fécond, si contagieux ! Employons tout notre art contre cette calamité ; effrayons les rois, pour qu’ils s’unissent à notre cause. Divisons les peuples, et suscitons-leur des troubles et des guerres ! Occupons-les de combats, de conquêtes et de jalousies. Alarmons-les sur la puissance de cette nation libre. Formons une grande ligue contre l’ennemi commun. Abattons cet étendard sacrilège ; renversons ce trône de rebellion, et étouffons dans son foyer cet incendie de révolution ". Et en effet, les tyrans civils et sacrés des peuples, formèrent une ligue générale ; et entraînant sur leurs pas une multitude contrainte ou séduite, ils se portèrent d’un mouvement hostile contre la nation libre ; et investissant à grands cris l’autel et le trône de la loi naturelle :


" quelle est, dirent-ils, cette doctrine hérétique et nouvelle ? Quel est cet autel impie, ce culte sacrilège… peuples fidèles et croyans ! Ne semblerait-il pas que ce fût d’aujourd’hui que la vérité se découvre, que jusqu’ici vous eussiez marché dans l’erreur ; que ces hommes plus heureux que vous ont seuls le privilège d’être sages ! Et vous, nation égarée et rebelle, ne voyez-vous pas que vos chefs vous trompent, qu’ils altèrent les principes de votre foi, qu’ils renversen