Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/169

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leur accorderez-vous des priviléges de croyance, à notre détriment : et des hommes sauvages s’étant avancés : quoi ! Dirent-ils, parce qu’un homme et une femme, il y a six mille ans, ont mangé une pomme, tout le genre humain se trouve damné ? Et vous dites Dieu juste ! Quel tyran jamais rendit les enfans responsables des fautes de leurs pères ! Quel homme peut répondre des actions d’autrui ? N’est-ce pas renverser toute idée de justice et de raison ? Et où sont, dirent d’autres, les témoins, les preuves de tous ces prétendus faits allégués ? Peut-on les recevoir ainsi sans aucun examen de preuves ? Pour la moindre action en justice il faut deux témoins ; et l’on nous fera croire


tout ceci sur des traditions, des ouï-dire ? Alors, un rabin prenant la parole : " quant aux faits, dit-il, nous en sommes garans pour le fond : à l’égard de la forme et de l’emploi que l’on en a fait, le cas est différent, et les chrétiens se condamnent ici par leurs propres argumens ; car ils ne peuvent nier que nous ne soyons la source originelle dont ils dérivent, le tronc primitif sur lequel ils se sont entés ; et de là, un raisonnement péremptoire : ou notre loi est de Dieu ; et alors la leur est une hérésie, puisqu’elle en diffère : ou notre loi n’est pas de Dieu ; et la leur tombe en même-tems ". Il faut distinguer, répondit le chrétien : votre loi est de Dieu, comme figurée et