Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/193

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vers, consiérées tantôt comme multiples à raison de leurs agens et de leurs phénomènes, et tantôt comme un être unique et simple par l’ensemble et le rapport de toutes leurs parties ; ensorte que l’être appelé Dieu a été tantôt le vent, le feu, l’eau, tous les élémens ; tantôt le soleil, les astres, les planètes et leurs influences ; tantôt la matière du monde visible, la totalité de l’univers ; tantôt les qualités abstraites et métaphysiques, telles que l’espace, la durée, le mouvement et l’intelligence ; et toujours avec ce résultat, que l’idée de la divinité n’a point été une révélation miraculeuse d’êtres invisibles, mais une production naturelle de l’entendement ; une opération de l’esprit humain, dont elle a suivi les progrès et subi les révolutions, dans la connaissance du monde physique et de ses agens. Oui, vainement les nations reportent leur culte à des inspirations célestes ; vainement leurs dogmes invoquent un premier état de choses surnaturel : la barbarie originelle du genre humain,


attestée par ses propres monumens, dément d’abord toutes ces assertions ; mais de plus un fait subsistant et irrécusable dépose victorieusement contre les faits incertains et douteux du passé. de ce que l’homme n’acquiert et ne reçoit d’idées que par l’intermède de ses sens, il suit avec évidence, que toute notion qui s’attribue une autre origine que celle de l’expérience et des sensations, est la supposition erronée d’un raisonnement dressé dans un tems postérieur : or, il suffit de jete