Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/250

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semblée ; et l’un d’eux, portant la parole, dit au législateur : " arbitre et médiateur des peuples ! Depuis le commencement de ce débat, nous entendons des récits étranges et nouveaux pour nous jusqu’à ce jour ; et notre esprit, surpris, confondu de tant de choses, les unes savantes, les autres absurdes, qu’également il ne comprend pas, reste dans l’incertitude et le doute. Une seule réflexion nous frappe : en résumant tant de faits prodigieux, tant d’assertions opposées, nous nous demandons : que nous importent toutes ces discussions ? Qu’avons-nous besoin de savoir ce qui s’est passé, il y a cinq ou six mille ans, dans des pays que nous ignorons, chez des hommes qui nous resteront inconnus ? Vrai ou faux, à quoi nous sert de savoir si le monde existe depuis six ou depuis vingt mille ans, s’il s’est fait de rien ou de quelque chose, de lui-même,


ou par un ouvrier qui, à son tour, exige un auteur ? Quoi ! Nous ne sommes pas assurés de ce qui se passe près de nous, et nous répondrons de ce qui peut se passer dans le soleil, dans la lune, ou dans les espaces imaginaires ? Nous avons oublié notre enfance, et nous connaîtrons celle du monde ? Et qui attestera ce que nul n’a vu ? Qui certifiera ce que personne ne comprend ? Qu’ajoutera d’ailleurs ou que diminuera à notre existence de dire oui ou non sur toutes ces chimères ? Jusqu’ici, nos pères et nous n’en avons pas eu la première idée, et nous ne voyons pas que nous en ayons eu plus ou moins de