Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/253

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docteurs. Qu’est-ce que la loi naturelle, répondirent les hommes simples ? Si cette loi suffit, pourquoi en a-t-il donné d’autres ? Si elle ne suffit pas, pourquoi l’a-t-il donnée imparfaite ? Ses jugemens sont des mystères, reprirent les docteurs, et sa justice n’est pas comme celle des hommes. -si sa justice, répliquèrent les hommes simples, n’est pas comme la nôtre, quel moyen avons-nous d’en juger ? Et de plus, pourquoi toutes ces lois, et quel est le but qu’elles se proposent ? De vous rendre plus heureux, reprit un docteur,


en vous rendant meilleurs et plus vertueux : c’est pour apprendre aux hommes à user de ses bienfaits, et à ne point se nuire entre eux, que Dieu s’est manifesté par tant d’oracles et de prodiges. En ce cas, dirent les hommes simples, il n’est pas besoin de tant d’études ni de raisonnemens. Montrez-nous quelle est la religion qui remplit le mieux le but qu’elles se proposent toutes. Aussitôt chacun des groupes vantant sa morale, et la préférant à toute autre, il s’éleva de culte à culte une nouvelle dispute plus violente. C’est nous, dirent les musulmans, qui possédons la morale par excellence, qui enseignons toutes les vertus utiles aux hommes et agréables à Dieu. Nous professons la justice, le désintéressement, le dévouement à la providence, la charité pour