Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/57

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Dans l’origine, l’homme formé nu de corps et d’esprit, se trouva jeté au hasard sur la terre confuse et sauvage : orphelin délaissé de la puissance inconnue qui l’avait produit, il ne vit point à ses côtés des êtres descendus des cieux pour l’avertir de besoins qu’il ne doit qu’à ses sens, pour l’instruire de devoirs qui naissent uniquement de ses besoins. Semblable aux autres animaux, sans expérience du passé, sans prévoyance de l’avenir, il erra au sein des forêts, guidé seulement et gouverné par les affections de sa nature : par la douleur de la faim, il fut conduit aux alimens, et il pourvut à sa subsistance ; par les intempéries de l’air, il desira de couvrir son corps, et il se fit des vêtemens ; par l’attrait d’un plaisir puissant, il s’approcha d’un être semblable à lui, et il perpétua son espèce… ainsi, les impressions qu’il reçut de chaque objet, éveillant ses facultés, développèrent par degrés son entendement, et commencèrent d’instruire sa profonde ignorance ; ses besoins suscitèrent son industrie, ses périls formèrent son courage ; il apprit à distinguer les plantes utiles