Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/59

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etes == Cependant, errans dans les bois et aux bords des fleuves, à la poursuite des fauves et des poissons, les premiers humains, chasseurs et pêcheurs, investis de dangers, assaillis d’ennemis, tourmentés par la faim, par les reptiles, par les bêtes féroces, sentirent leur faiblesse individuelle ; et, mûs d’un besoin commn de sureté, et d’un sentiment réciproque des mêmes maux, ils unirent leurs moyens et leurs forces ; et quand l’un encourut un péril, plusieurs l’aidèrent et le secoururent ; quand l’un manqua de subsistance, un autre le partagea de sa proie : ainsi, les hommes s’associèrent pour assurer leur existence, pour accroître leurs facultés, pour protéger leurs jouissances ; et l’amour de soi devint le principe de la société. Instruits ensuite par l’épreuve répétée d’accidens divers, par les fatigues d’une vie vagabonde, par les soucis de disettes fréquentes, les hommes raisonnèrent en eux-mêmes, et se dirent : " pourquoi consumer nos jours à chercher des fruits épars sur un sol avare ? Pourquoi nous épuiser à poursuivre des proies qui nous échappent