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DE VOLTAIRE.



VI.


LETTRE DE L’ÉVÊQUE DE TROYES[1]
AU PRIEUR DE SCELLIÈRES[2].


Je viens d’apprendre, monsieur, que la famille de M. de Voltaire, qui est mort depuis quelques jours, s’était décidée à faire transporter son corps à votre abbaye, pour y être enterré, et cela parce que le curé de Saint-Sulpice leur avait déclaré qu’il ne voulait pas l’enterrer en terre sainte.

Je désire fort que vous n’ayez pas encore procédé à cet enterrement, ce qui pourrait avoir des suites fâcheuses pour vous ; et si l’inhumation n’est pas faite, comme je l’espère, vous n’avez qu’à déclarer que vous n’y pouvez procéder sans avoir des ordres exprès de ma part.

J’ai l’honneur d’être bien sincèrement, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Évêque de Troyes.
2 juin 1778.



VII.


RÉPONSE DU PRIEUR.


À Scellières, 3 juin.

Je reçois dans l’instant, monseigneur, à trois heures après midi, avec la plus grande surprise, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, en date du jour d’hier 2 juin : il y a maintenant plus de vingt-quatre heures que l’inhumation du corps de M. de Voltaire est faite dans notre église, en présence d’un peuple nombreux. Permettez-moi, monseigneur, de vous faire le récit de cet événement, avant que j’ose vous présenter mes réflexions.

  1. Claude-Mathias-Joseph de Barral, né à Grenoble le 6 septembre 1716, sacré évêque le 29 mars 1761, mort après 1789.
  2. Gaspard-Edme-Germain Potherat de Corbierre.