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Et pour la première fois
A connu la jalousie.
Poursuis : de Richelieu mérite encor l’envie.
Par des chemins écartés,
Ta sublime intelligence,
À pas toujours concertés,
Conduit le sort de la France ;
La fortune et la prudence
Sont sans cesse à tes côtés.
Alberon pour un temps nous éblouit la vue[1] ;
De ses vastes projets l’orgueilleuse étendue
Occupait l’univers saisi d’étonnement :
Ton génie et le sien disputaient la victoire.
Mais tu parus, et sa gloire
S’éclipsa dans un moment.
Telle, aux bords du firmament,
Dans sa course irrégulière,
Une comète affreuse éclate de lumière ;
Ses feux portent la crainte au terrestre séjour
Dans la nuit ils éblouissent,
Et soudain s’évanouissent
Aux premiers rayons du jour.




ÉPÎTRE XXIII.


À MONSIEUR LE DUC DE LA FEUILLADE[2].


(1722)


Conservez précieusement
L’imagination fleurie
Et la bonne plaisanterie
Dont vous possédez l’agrément,

  1. Voyez, sur Alberoni et ses projets, le Précis du Siècle de Louis XV.
  2. Louis d’Aubusson, dernier maréchal de La Feuillade, mort le 29 janvier 1725. J’ai vu un recueil où cette épître est datée de 1722, de la main même de Voltaire. (Cl.)