L’Amour, l’Hymen, ont trahi vos désirs[1] :
Oubliez-les ; ce n’est que des plaisirs
Dont nous devons conserver la mémoire.
Les maux passés ne sont plus de vrais maux ;
Le présent seul est de notre apanage,
Et l’avenir peut consoler le sage,
Mais ne saurait altérer son repos.
Du cher objet que votre cœur adore
Ne craignez rien ; comptez sur vos attraits :
Il vous aima ; son cœur vous aime encore,
Et son amour ne finira jamais.
Pour son bonheur bien moins que pour le vôtre,
De la Fortune il brigue les faveurs ;
Elle vous doit, après tant de rigueurs,
Pour son honneur rendre heureux l’un et l’autre.
D’un tendre ami, qui jamais ne rendit
À la Fortune un criminel hommage,
Ce sont les vœux. Goûtez, sur son présage,
Dès ce moment le sort qu’il vous prédit.
ÉPÎTRE LI.
Tu m’appelles à toi, vaste et puissant génie.
Minerve de la France, immortelle Émilie ;
- ↑ La mère de M. le président Rougoot s’était opposée au mariage de son fils avec Mlle de Lubert, parce qu’elle ne voulait point avoir, disait-elle, une bru bel esprit. Voyez aussi l’épître xxxv, page 272.
- ↑ Cette épître est de 1736 ; car il en est fait mention dans la lettre du prince royal de Prusse, du 3 décembre 1736 ; mais elle ne fut imprimée qu’en 1738, à la tête des Éléments de la Philosophie de Newton. (B.)