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CHAPITRE CXX.

ainsi je me suis donné une connaissance préliminaire des intérêts du Nord et du Midi. Il faut voir plus particulièrement ce que c’était que l’empire.

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CHAPITRE CXX.


De l’Allemagne et de l’empire aux xve et xvie siècles.


Le nom d’empire d’Occident subsistait toujours. Ce n’était guère depuis très-longtemps qu’un titre onéreux ; et il y parut bien, puisque l’ambitieux Édouard III, à qui les électeurs l’offrirent, (1348) n’en voulut point. L’empereur Charles IV, regardé comme le législateur de l’empire, ne put obtenir du pape Innocent VI et des barons romains la permission de se faire couronner empereur à Rome, qu’à condition qu’il ne coucherait pas dans la ville. Sa fameuse bulle d’or mit quelque ordre dans l’anarchie de l’Allemagne. Le nombre des électeurs fut fixé par cette loi, qu’on regarda comme fondamentale, et à laquelle on a dérogé depuis. De son temps les villes impériales eurent voix délibérative dans les diètes. Toutes les villes de la Lombardie étaient réellement libres, et l’empire ne conservait sur elles que des droits. Chaque seigneur continua d’être souverain dans ses terres en Allemagne et en Lombardie pendant tous les règnes suivants.

Les temps de Venceslas, de Robert, de Josse, de Sigismond, furent des temps obscurs où l’on ne voit aucune trace de la majesté de l’empire, excepté dans le concile de Constance, que Sigismond convoqua, et où il parut dans toute sa gloire, mais dont il sortit avec la honte d’avoir violé le droit des gens en laissant brûler Jean Hus et Jérôme de Prague.

Les empereurs n’avaient plus de domaines ; ils les avaient cédés aux évêques et aux villes, tantôt pour se faire un appui contre les seigneurs des grands fiefs, tantôt pour avoir de l’argent. Il ne leur restait que la subvention des mois romains, taxe qu’on ne payait qu’en temps de guerre, et pour la vaine cérémonie du couronnement et du voyage de Rome. Il était donc absolument nécessaire d’élire un chef puissant par lui-même, et ce fut ce qui mit le sceptre dans la maison d’Autriche. Il fallait un prince dont les États pussent, d’un côté, communiquer à