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OTHON III.

989. Les Danois prennent ce temps pour entrer par l’Elbe et par le Véser. On commence alors à sentir en Allemagne qu’il faut négocier avec la Suède contre le Danemark, et l’évêque de Slesvick est chargé de cette négociation.

Les Suédois battent les Danois sur mer. Le nord de l’Allemagne respire.

990. Le reste de l’Allemagne, ainsi que la France, est en proie aux guerres particulières des seigneurs ; et ces guerres, que les souverains ne peuvent apaiser, montrent qu’ils avaient plus de droit que de puissance. C’était bien pis en Italie.

Le pape Jean XV, fils d’un prêtre, tenait alors le saint-siége, et était favorable à l’empereur. Crescence, nouveau consul, fils du consul Crescence dont Jean X fut le père[1], voulait maintenir l’ombre de l’ancienne république ; il avait chassé le pape de Rome. L’impératrice Théophanie, mère d’Othon III, était venue avec des troupes commandées par le marquis de Brandebourg soutenir dans l’Italie l’autorité impériale.

Pendant que le marquis de Brandebourg est à Rome, les Slaves s’emparent de son marquisat.

Depuis 991 jusqu’à 996. Les Slaves, avec un ramas d’autres barbares, assiégent Magdebourg. On les repousse avec peine. Ils se retirent dans la Poméranie, et cèdent quelques villages du Brandebourg qui arrondissent le marquisat.

L’Autriche était alors un marquisat aussi, et non moins malheureux que le Brandebourg, étant frontière des Hongrois. La mère de l’empereur était revenue d’Italie sans avoir beaucoup remédié aux troubles de ce pays, et était morte à Nimègue. Les villes de Lombardie ne reconnaissaient point l’empereur.

Othon III lève des troupes, fait le siége de Milan, s’y fait couronner, fait élire pape Grégoire V, son parent, comme il aurait fait un évêque de Spire, et est sacré dans Rome par son parent, avec sa femme l’impératrice Marie, fille de don Garcie, roi d’Aragon et de Navarre.

997. Il est étrange que des auteurs de nos jours, et Maimbourg, et tant d’autres, rapportent encore la fable des amours de cette impératrice avec un comte de Modène, et du supplice de l’amant et de la maîtresse. On prétend que l’empereur, plus irrité contre la maîtresse que contre l’amant, fit brûler sa femme toute vive

  1. Ces deux personnages n’en font qu’un seul, et c’est le même Centius ou Crescentius dont il a été parlé aux pages 197 et 278. Voltaire n’a pas commis cette erreur dans son Essai.