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HENRI II.

L’empereur va soumettre la Lombardie. Il passe par la Bourgogne, va voir l’abbaye de Cluny, et se fait associer à la communauté. Il passe ensuite à Verdun, et veut se faire moine dans l’abbaye de Saint-Vall[1]. On prétend que l’abbé, plus sage que Henri, lui dit : « Les moines doivent obéissance à leur abbé : je vous ordonne de rester empereur. »

1015-1016-1017-1018. Ces années ne sont remplies que de petites guerres en Bohême et sur les frontières de la Pologne. Toute cette partie de l’Allemagne depuis l’Elbe est plus barbare et plus malheureuse que jamais. Tout seigneur qui pouvait armer quelques paysans serfs faisait la guerre à son voisin ; et quand les possesseurs des grands fiefs avaient eux-mêmes des guerres à soutenir, ils obligeaient leurs vassaux de laisser là leur querelle pour revenir les servir : cela s’appelait le droit de trêve.

Comment les empereurs restaient-ils au milieu de cette barbarie, au lieu d’aller résider à Rome ? c’est qu’ils avaient besoin d’être puissants chez les Allemands pour être reconnus des Romains.

1019-1020-1021. L’autorité de l’empereur était affermie dans la Lombardie par ses lieutenants ; mais les Sarrasins venaient toujours dans la Sicile, dans la Pouille, dans la Calabre, et se jetèrent cette année sur la Toscane ; mais leurs incursions en Italie étaient semblables à celles des Slaves et des Hongrois en Allemagne. Ils ne pouvaient plus faire de grandes conquêtes, parce qu’en Espagne ils étaient divisés et affaiblis. Les Grecs possédaient toujours une grande partie de la Pouille et de la Calabre, gouvernées par un catapan. Un Mello prince de Bari et un prince de Salerne s’élevèrent contre ce catapan.

C’est alors que parurent, pour la première fois, ces aventuriers de Normandie qui fondèrent depuis le royaume de Naples. Ils servirent Mello contre les Grecs. Le pape Benoît VIII et Mello, craignant également les Grecs et les Sarrasins, vont à Bamberg demander du secours à l’empereur.

Henri II confirme les donations de ses prédécesseurs au siége de Rome, se réservant le pouvoir souverain. Il confirme un décret fait à Pavie, par lequel les clercs ne doivent avoir ni femmes, ni concubines.

1022. Il fallait, en Italie, s’opposer aux Grecs et aux mahométans : il y va au printemps. Son armée est principalement composée d’évêques qui sont à la tête de leurs troupes. Ce saint empereur, qui ne permettait pas qu’un sous-diacre eût une femme,

  1. Saint-Vannes.