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ANNALES DE L’EMPIRE.

« Nous déclarons ta femme veuve, tes enfants orphelins, et nous t’envoyons au nom du diable aux quatre coins du monde[1]. »

1031-1032. On commence alors à connaître des souverains de Silésie, qui ne sont sous le joug ni de la Bohême, ni de la Pologne : la Pologne se détache insensiblement de l’empire, et ne veut plus le reconnaître.

1032-1033-1034. Si l’empire perd un vassal dans la Pologne, il en acquiert cent dans le royaume de Bourgogne.

Le dernier roi, Rodolphe, qui n’avait point d’enfants, laisse en mourant ses États à Conrad le Salique. C’était très-peu de domaine, avec la supériorité territoriale, ou du moins des prétentions de supériorité, c’est-à-dire de suzeraineté, de domaine suprême, sur les Suisses, les Grisons, la Provence, la Franche-Comté, la Savoie, Genève, le Dauphiné. C’est de là que les terres au delà du Rhône sont encore appelées terres d’empire. Tous les seigneurs de ces cantons, qui relevaient auparavant de Rodolphe, relèvent de l’empereur.

Quelques évêques s’étaient érigés aussi en princes feudataires. Conrad leur donna à tous les mêmes droits. Les empereurs élevèrent toujours les évêques pour les opposer aux seigneurs ; ils s’en trouvèrent bien quand ces deux corps étaient divisés, et mal quand ils s’unissaient.

Les siéges de Lyon, de Besançon, d’Embrun, de Vienne, de Lausanne, de Genève, de Bâle, de Grenoble, de Valence, de Gap, de Die, furent des fiefs impériaux.

De tous les feudataires de la Bourgogne, un seul jette les fondements d’une puissance durable. C’est Humbert aux blanches mains, tige des ducs de Savoie. Il n’avait que la Maurienne, l’empereur lui donne le Chablais, le Valais, et Saint-Maurice ; ainsi de la Pologne jusqu’à l’Escaut, et de la Saône au Garillan, les empereurs faisaient partout des princes, et se regardaient comme les seigneurs suzerains de presque toute l’Europe.

Depuis 1035 jusqu’à 1039. L’Italie encore troublée rappelle encore Conrad. Ce même archevêque de Milan qui avait couronné l’empereur était par cette raison-là même contre lui. Ses droits et ses prétentions en avaient augmenté. Conrad le fait arrêter avec trois autres évêques. il est ensuite obligé d’assiéger

  1. Les auteurs de l’Art du vérifier les dates prétendent que cette formule est purement de l’invention de Voltaire, qu’ils désignent sans le nommer. Leur jugement est sévère ; mais Voltaire a eu, en cette circonstance, comme en beaucoup d’autres, le tort de ne pas citer ses autorités. (Cl.)