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ANNALES DE L’EMPIRE.

leur ville au pillage (le 27 mars) ; mais à peine y est-il entré qu’il fait démolir les portes, les remparts, tous les édifices publics; et on sème du sel sur leurs ruines, selon l’ancien préjugé, très-faux, que le sel est l’emblème de la stérilité. Les Huns, les Goths, les Lombards, n’avaient pas ainsi traité l’Italie.

Les Génois, qui se prétendaient libres, viennent prêter serment de fidélité ; et en protestant qu’ils ne donneront point de tribut annuel, ils donnent mille deux cents marcs d’argent ; ils promettent d’équiper une flotte pour aider l’empereur à conquérir la Sicile et la Pouille ; et Frédéric leur donne en fief ce qu’on appelle la rivière de Gênes, depuis Monaco jusqu’à Porto-Venere.

Il marche à Bologne, qui était confédérée avec Milan ; il y protége les colléges, et fait démanteler les murailles : tout se soumet à sa puissance.

Pendant ce temps l’empire fait des conquêtes dans le Nord ; le duc de Saxe s’empare du Mecklenbourg, pays de Vandales, et y transplante des colonies d’Allemands.

Pour rendre le triomphe de Frédéric Barberousse complet, le pape Alexandre III, son ennemi, fuit de l’Italie, et se retire en France. Frédéric va à Besançon pour intimider le roi de France, et le détacher du parti d’Alexandre.

C’est dans ce temps de sa puissance qu’il somme les rois de Danemark, de Bohême, et de Hongrie, de venir à ses ordres donner leurs voix dans une diète contre un pape. Le roi de Danemark, Valdemar Ier, obéit ; il se rendit à Besançon. On dit qu’il n’y fit serment de fidélité que pour le reste de la Vandalie qu’on abandonnait à ses conquêtes ; d’autres disent qu’il renouvela l’hommage pour le Danemark ; s’il est ainsi, c’est le dernier roi de Danemark qui ait fait hommage de son royaume à l’empire ; et cette année 1162 devient par là une grande époque.

1163. L’empereur va à Mayence, dont le peuple, excité par des moines, avait massacré l’archevêque. Il fait raser les murailles de la ville ; elles ne furent rétablies que longtemps après.

1164, Erfort[1], capitale de la Thuringe, ville dont les archevêques de Mayence ont prétendu la seigneurie depuis Othon IV, est ceinte de murailles, dans le temps qu’on détruit celles de Mayence.

Établissement de la société des villes anséatiques[2]. Cette union avait commencé par Hambourg et Lubeck, qui faisaient quelque

  1. Erfurth. Voyez page 266.
  2. Voyez aussi années 1254 et 1278.