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ANNALES DE L’EMPIRE.

quis de Brandebourg. On fait à Henri le Lion une guerre sanglante. L’empereur les laisse se battre, et passe en Italie.

1167. Les Pisans et les Génois plaident à Lodi devant l’empereur pour la possession de la Sardaigne, et ne l’obtiennent ni les uns ni les autres.

Frédéric va mettre à contribution la Pentapole, si solennellement cédée aux papes par tant d’empereurs, et patrimoine incontestable de l’Église.

La ligue de Venise et de Rome, et la haine que le pouvoir despotique de Frédéric inspire, engagent Crémone, Bergame, Brescia, Mantoue, Ferrare, et d’autres villes, à s’unir avec les Milanais. Toutes ces villes et les Romains prennent en même temps les armes.

Les Romains attaquent vers Tusculum une partie de l’armée impériale. Elle était commandée par un archevêque de Mayence très-célèbre alors, nommé Christien, et par un archevêque de Cologne. C’était un spectacle rare de voir ces deux prêtres entonner une chanson allemande pour animer leurs troupes au combat.

Mais ce qui marquait bien la décadence de Rome, c’est que les Allemands, dix fois moins nombreux, défirent entièrement les Romains, Frédéric marche alors d’Ancône à Rome ; il l’attaque ; il brûle la ville Léonine, et l’église de Saint-Pierre est presque consumée.

Le pape Alexandre s’enfuit à Bénévent. L’empereur se fait couronner avec l’impératrice Béatrix par son anti-pape Pascal dans les ruines de Saint-Pierre.

De là Frédéric revole contre les villes confédérées. La contagion qui désole son armée les met pour quelque temps en sûreté. Les troupes allemandes, victorieuses des Romains, étaient souvent vaincues par l’intempérance et par la chaleur du climat.

1168. Alexandre III trouve le secret de mettre à la fois dans son parti Emmanuel, empereur des Grecs, et Guillaume, roi de Sicile, ennemi naturel des Grecs : tant on croyait l’intérêt commun de se réunir contre Barberousse.

En effet ces deux puissances envoient au pape de l’argent et quelques troupes. L’empereur, à la tête d’une armée très-diminuée, voit les Milanais relever leurs murailles sous ses yeux, et presque toute la Lombardie conjurée contre lui. Il se retire vers le comté de Maurienne, Les Milanais, enhardis, le poursuivent dans les montagnes. Il échappe à grande peine, et se retire en Alsace, tandis que le pape l’excommunie.

L’Italie respire par sa retraite. Les Milanais se fortifient. Ils