Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
366
ANNALES DE L’EMPIRE.

C’est à ces temps que commencent les traités de confraternité héréditaire entre les maisons allemandes. C’est une donation réciproque de terres d’une maison à une autre, au dernier survivant des mâles.

La première de ces confraternités avait été faite, dans les dernières années de Frédéric II, entre les maisons de Saxe et de Hesse.

Les villes anséatiques augmentent dans ces années leurs priviléges et leur puissance. Elles établissent des consuls qui jugent toutes les affaires du commerce ; car à quel tribunal aurait-on eu alors recours.

La même nécessité qui fait inventer les consuls aux villes marchandes fait inventer les austrègues aux autres villes et aux seigneurs, qui ne veulent pas toujours vider leurs différends par le fer. Ces austrègues sont, ou des seigneurs, ou des villes mêmes, que l’on choisit pour arbitres sans frais de justice.

Ces deux établissements, si heureux et si sages, furent le fruit des malheurs des temps qui obligeaient d’y avoir recours.

L’Allemagne restait toujours sans chef, mais voulait enfin en avoir un.

Richard d’Angleterre était mort[1]. Alfonse de Castille n’avait plus de parti. Ottocare III, roi de Bohême, duc d’Autriche et de Stirie, fut proposé, et refusa, dit-on, l’empire. Il avait alors une guerre avec Bêla, roi de Hongrie, qui lui disputait la Stirie, la Carinthie, et la Carniole. On pouvait lui contester la Stirie, dépendante de l’Autriche, mais non la Carinthie et la Carniole, qu’il avait achetées.

La paix se fit. La Stirie et la Carinthie avec la Carniole restèrent à Ottocare. On ne conçoit pas comment, étant si puissant, il refusa l’empire, lui qui depuis refusa l’hommage à l’empereur. Il est bien plus vraisemblable qu’on ne voulut pas de lui, par cela même qu’il était trop puissant.

  1. Le 2 avril 1271.