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ANNALES DE L’EMPIRE.
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et demi quand il fut élevé à l’empire. Il avait un frère colonel au service des Milanais, et un autre chanoine à Bâle. Ses deux frères moururent avant son élection.

Il est couronné à Aix-la-Chapelle ; on ignore par quel archevêque. Il est rapporté que le sceptre impérial, qu’on prétendait être celui de Charlemagne, ne se trouvant pas, ce défaut de formalité commençait à servir de prétexte à plusieurs seigneurs qui ne voulaient pas lui prêter serment. Il prit un crucifix : Voilà mon sceptre, dit-il ; et tous lui rendirent hommage. Cette seule action de fermeté le rendit respectable ; et le reste de sa conduite le montra digne de l’empire.

Il marie son fils Albert à la fille du comte de Tyrol, sœur utérine de Conradin. Par ce mariage, Albert semble acquérir des droits sur l’Alsace et sur la Souabe, héritage de la maison du fameux empereur Frédéric II. L’Alsace était alors partagée entre plusieurs petits seigneurs. Il fallut leur faire la guerre. Il obtint, par sa prudence, des troupes de l’empire, et soumit tout par sa valeur. Un préfet est nommé pour gouverner l’Alsace. C’est ici une des plus importantes époques pour l’intérieur de l’Allemagne. Les possesseurs des terres dans la Souabe et dans l’Alsace relevaient de la maison impériale de Souabe ; mais après l’extinction de cette maison dans la personne de l’infortuné Conradin, ils ne voulurent plus relever que de l’empire. Voilà la véritable origine de la noblesse immédiate ; et voilà pourquoi l’on trouve plus de cette noblesse en Souabe que dans les autres provinces. L’empereur Rodolphe vint à bout de soumettre les gentilshommes d’Alsace, et créa un préfet dans cette province ; mais après lui les barons d’Alsace redevinrent, pour la plupart, barons libres et immédiats, souverains dans leurs petites terres comme les plus grands seigneurs allemands dans les leurs. C’était dans presque toute l’Europe l’objet de quiconque possédait un château.

1274. Trois ambassadeurs de Rodolphe font serment de sa part au pape Grégoire X dans le consistoire. Le pape écrit à Rodolphe : « De l’avis des cardinaux, nous vous nommons roi des Romains. »

Alfonse X, roi de Castille, renonce alors à l’empire.

1275. Rodolphe va trouver le pape à Lausanne. Il lui promet de lui faire rendre la marche d’Ancône et les terres de Mathilde. Il promettait ce qu’il ne pouvait tenir. Tout cela était entre les mains des villes et des seigneurs qui s’en étaient emparés aux dépens du pape et de l’empire. L’Italie était partagée en vingt