Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/403

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
391
LOUIS V DE BAVIÈRE.

après avoir été spectatrices du combat des trente. Louis est vainqueur dans cette bataille, mais sa victoire n’est point décisive.

1320-1321. Philippe de Valois, neveu de Philippe le Bel, roi de France, accepte du pape Jean XXII la qualité de lieutenant général de l’Église contre les gibelins en Italie. Philippe de Valois y va, croyant tirer quelque parti de toutes ces divisions. Les Viscontins trouvent le secret de lui faire repasser les Alpes, tantôt en affamant sa petite armée, et tantôt en négociant.

L’Italie reste partagée en guelfes et en gibelins, sans prendre trop parti ni pour Frédéric d’Autriche, ni pour Louis[1] de Bavière.

1322. Il se donne une bataille décisive entre les deux empereurs, encore assez près de Muhldorf, le 28 septembre : le duc d’Autriche est pris avec le duc Henri, son frère, et Ferry, duc de Lorraine. Dès ce jour, il n’y eut plus qu’un empereur.

Léopold d’Autriche, frère des deux prisonniers, continue en vain la guerre.

Jean de Luxembourg, roi de Bohême, fatigué des contradictions qu’il éprouve dans son pays, envoie son fils en France pour l’y faire élever à la cour du roi Charles le Bel. Il fait un échange de sa couronne contre le palatinat du Rhin, avec l’empereur. Cela paraît incroyable. Le possesseur du palatinat du Rhin était Rodolphe de Bavière, propre frère de l’empereur. Ce Rodolphe s’était jeté dans le parti de Frédéric d’Autriche contre son frère, et l’empereur Louis de Bavière, qui venait de s’emparer du palatinat, gagne la Bohême à ce marché.

On ne peut pas toujours en tout pays acheter et vendre des hommes comme des bêtes. Toute la noblesse de Bohême se souleva contre cet accord, le déclara nul et injurieux ; et il demeura sans effet. Mais Rodolphe resta privé de son palatinat.

1323. Un événement plus extraordinaire encore arrive dans le Brandebourg. Le margrave de ce pays, de l’ancienne maison d’Ascanie, quitte son margraviat pour aller en pèlerinage à la Terre Sainte. Il laisse ses États à son frère, qui meurt vingt-quatre jours après le départ du pèlerin. Il y avait beaucoup de parents capables de succéder. L’ancienne maison de Saxe-Lavenbourg et celle d’Anhalt avaient des droits. L’empereur, pour les accorder tous, et sans attendre de nouvelles du pèlerinage du véritable

  1. Une des éditions de 1753-54 porte Henri, une autre Louis ; et l’errata de cette dernière dit de mettre, au lieu de Henri, Louis. On lit Louis dans l’édition de 1772. Voltaire a donné à ce prince le nom de Louis, tome XI, pages 531-533, 530, et ci-dessus, page 389. Il y avait un Henri, parent de Louis : voyez année 1337. (B.)