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ANNALES DE L’EMPIRE.

L’empereur est couronné roi de Lombardie à Milan, non par l’archevêque, qui le refuse, mais par l’évêque d’Arezzo.

Dès que ce prince se prépare à aller à Rome, la faction des guelfes presse le pape d’y revenir. Le pape n’ose y aller, tant il craint le parti gibelin et l’empereur.

Les Pisans offrent à l’empereur soixante mille livres pour qu’il ne passe point par leur ville dans son voyage à Rome. Louis de Bavière assiége Pise, et se fait donner au bout de trois jours trente autres mille livres pour y séjourner deux mois. Les historiens disent que ce sont des livres d’or ; mais cette somme ferait six millions d’écus d’Allemagne, ce qu’il est plus aisé de coucher par écrit que de payer.

Nouvelle bulle de Jean XXII, à Avignon, le 23 octobre : « Nous réprouvons ledit Louis comme hérétique. Nous dépouillons ledit Louis de tous ses biens meubles et immeubles, du palatinat du Rhin, de tout droit à l’empire ; défendons de fournir audit Louis du blé, du linge, du vin, du bois, etc. »

L’hérésie de l’empereur était d’aller à Rome.

1328. Louis de Bavière est couronné dans Rome sans prêter le serment de fidélité. Le célèbre Castruccio Castracani, tyran de Lucques, créé d’abord par l’empereur comte du palais de Latran et gouverneur de Rome, le conduit à Saint-Pierre avec les quatre premiers barons romains, Colonna, Orsini, Savelli, Conti.

Louis est sacré par un évêque de Venise, assisté d’un évêque d’Aleria, tous deux excommuniés par le pape. Il y eut peu de troubles dans Rome à ce couronnement.

Le 18 avril l’empereur tient une assemblée générale. Il y préside revêtu du manteau impérial, la couronne en tête, et le sceptre à la main. Un moine augustin, Nicolas Fabriano, y accuse le pape, et demande « s’il y a quelqu’un qui veuille défendre le prêtre de Cahors, qui se fait nommer le pape Jean ». L’ordre des augustins devait produire un jour un homme plus dangereux pour les papes[1].

On lut ensuite la sentence par laquelle l’empereur déposait le pape. « Nous voulons, dit-il, suivre l’exemple d’Othon Ier qui, avec le clergé et le peuple de Rome, déposa le pape Jean XII, etc. Nous déposons de l’évêché de Rome Jacques de Cahors, convaincu d’hérésie et de lèse-majesté, etc. »

Le jeune Colonna, attaché en secret au pape, publie son opposition dans Rome, l’affiche à la porte de l’église, et s’enfuit.

  1. Luther ; voyez année 1518.