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LOUIS V DE BAVIÈRE.

Il rentre avec son fils triomphant dans Prague, et lui donne la marche, ou marquisat, ou margraviat de Moravie, en lui faisant prêter un hommage lige.

1332. Le pape continue d’employer la religion dans l’intrigue. Othon, duc d’Autriche, gagné par lui, quitte le parti de l’empereur ; et, gagné par des moines, il soumet ses États au saint-siége. Il se déclare vassal de Rome. Quel temps, où une telle action ne fut ni abhorrée ni punie ! Peu de gens savent que l’Autriche a été donnée aux papes, ainsi que l’Angleterre ; c’est l’effet de la superstition et de la barbare stupidité dans laquelle l’Europe était plongée.

Ce temps était celui de l’anarchie. Le roi de Bohême se faisait craindre de l’empereur, et songeait à établir son crédit dans l’Allemagne. Lui et son fils avaient gagné des batailles en Italie, mais des batailles inutiles. Toute l’Italie était armée alors, gibelins contre guelfes, les uns et les autres contre les Allemands ; toutes les villes s’accordaient dans leur haine contre l’Allemagne, et toutes se faisaient la guerre, au lieu de s’entendre pour briser à jamais leurs chaînes.

Pendant ces troubles l’ordre teutonique est toujours une milice de conquérants vers la Prusse. Les Polonais leur prennent quelques villes. Ce même Jean, roi de Bohême, marche à leur secours. Il va jusqu’à Cracovie. Il apaise des troubles en Silésie. Ce prince, maître de la Bohême, de la Silésie, de la Moravie, faisait alors tout trembler.

Strasbourg, Fribourg en Brisgau, et Bâle, s’unissent dans ces temps de trouble contre les tyrans voisins. Plusieurs villes entrent dans cette association. Le voisinage de quatre cantons suisses, devenus libres, inspire à ces peuples des sentiments de liberté.

Othon d’Autriche assiége Colmar. L’empereur soutient cette ville contre le duc d’Autriche. Le comte de Virtemberg fournit des troupes à l’empereur ; le roi de Bohême lui en donne. On voit de part et d’autre des armées de trente mille hommes, mais ce n’est jamais que pour une campagne. L’empereur n’est alors que comme un autre prince d’Allemagne qui a ses amis comme ses ennemis. Qu’eût-ce été si tout eût été réuni pour subjuguer en effet toute l’Italie ?

Mais l’Allemagne n’est occupée que de ses querelles intestines. Le duc d’Autriche se raccommode avec l’empereur. La face des affaires change continuellement, et la misère des peuples continue.

1333. On a vu Jean, roi de Bohême, combattre en Italie pour