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CHARLES IV.

Barnabo Visconti assiége Bologne. Comment peut-on imprimer encore aujourd’hui que le saint-père, par un accommodement, promit de payer cent mille livres d’or annuellement, pendant cinq années, pour être maître de Bologne ? Les historiens qui répètent ces exagérations savent bien peu ce que c’est que cinq cent mille livres pesant d’or.

1361. Le siége de Bologne est levé sans qu’il en coûte rien au pape. Un marquis de Malatesta, qui s’est jeté avec quelques troupes dans la ville, fait une sortie, bat Barnabo, et le renvoie chez lui. L’empereur ne se mêle de cette affaire que par un rescrit inutile en faveur du pape.

Des guerres s’étant élevées entre le Danemark d’un côté, et le duc de Mecklenbourg et les villes anséatiques de l’autre, tout finit à l’ordinaire par un traité. Plusieurs villes anséatiques traitent de couronne à couronne avec le Danemark dans la ville de Lubeck. C’est un beau monument de la liberté fondée sur une industrie respectable. Lubeck, Rostock, Stralsund, Hambourg, Vismar, Brême, et quelques autres villes, font une paix perpétuelle avec le roi de Danemark, des Vandales, et des Goths, les princes, négociants, et bourgeois, de son pays ; ce sont les termes du traité, termes qui prouvent que le Danemark était libre, et que les villes anséatiques l’étaient davantage.

L’impératrice Anne étant accouchée de Venceslas, l’empereur envoie le poids de l’enfant en or à une chapelle de la Vierge dans Aix ; usage qui commençait à s’établir, et qui a été poussé à l’excès pour Notre-Dame de Lorette. Ses richesses sont aussi grandes que son voyage par les airs de Jérusalem à la Marche d’Ancône est miraculeux.

L’évêque de Strasbourg achète plus cher le titre de landgrave de la basse Alsace. Les landgraves de l’Alsace, de la maison d’Œttingue, s’y opposent, et l’évêque les apaise avec le même moyen dont il a eu son landgraviat, avec de l’argent.

1362. Grande division entre les maisons de Bavière et d’Autriche. Une femme en est la cause. Marguerite de Carinthie[1], veuve du duc de Bavière, Henri le Vieux, fils de l’empereur Louis, ennemie de la maison où elle était entrée, donne tous les droits sur le Tyrol et ses dépendances à Rodolphe, duc d’Autriche.

Étienne, duc de Bavière, s’allie avec plusieurs princes. L’Autrichien n’a dans son parti que l’archevêque de Saltzbourg. On fait une trêve de trois ans, et l’inimitié secrète en est plus durable.

  1. Voyez années 1335, 1344, 1347.