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ROBERT.

comme on le dit, puisque Venceslas avait été déposé le 20, et qu’il avait fallu plus de deux jours pour choisir le duc de Brunsvick, préparer son couronnement, et l’assassiner.

Robert va se présenter en armes devant Francfort, suivant l’usage, et y entre en triomphe au bout de six semaines et trois jours ; c’est le dernier exemple de cette coutume.

1401. Quelques princes et quelques villes d’Allemagne tiennent encore pour Venceslas, comme quelques Romains regrettèrent Néron. Les magistrats de la ville libre d’Aix-la-Chapelle ferment les portes à Robert quand il veut s’y faire couronner. Il l’est à Cologne par l’archevêque.

Pour gagner les Allemands, il veut rendre à l’empire le Milanais, que Venceslas en avait détaché. Il fait une alliance avec les villes de Suisse et de Souabe, comme s’il n’était qu’un prince de l’empire, et lève des troupes contre les Viscontis. La circonstance était favorable. Venise et Florence s’armaient contre la puissance redoutable du nouveau duc de Lombardie.

Étant dans le Tyrol, il envoie un défi à Galéas : « À vous Jean Galéas, comte de Vérone ; » lequel lui répond : « À vous Robert de Bavière, nous duc de Milan par la grâce de Dieu et de Venceslas, etc. ; » puis il lui promet de le battre. Il lui tient parole au débouché des gorges des montagnes.

Quelques princes qui avaient accompagné l’empereur s’en retournent avec le peu de soldats qui leur restent, et Robert se retire enfin presque seul.

1402-1403. Jean Galéas reste maître de toute la Lombardie, et protecteur de presque toutes les autres villes, malgré elles.

Il meurt, laissant, entre autres enfants, une fille mariée au duc d’Orléans, source de tant de guerres malheureuses.

À sa mort, l’un des papes, Boniface, qui n’est ni affermi dans Rome, ni reconnu dans la moitié de l’Europe, profite heureusement de la haine que les conquêtes de Jean Galéas avaient inspirée, et se saisit, par des intrigues, de Bologne, de Pérouse, de Ferrare, et de quelques villes de cet ancien héritage de la comtesse Mathilde que le saint-siége réclame toujours.

Venceslas, éveillé de son sommeil léthargique, veut enfin défendre sa couronne impériale contre Robert. Les deux concurrents acceptent la médiation du roi de France Charles VI, et les électeurs le prient de venir juger à Cologne Venceslas et Robert, qui seraient présents, et s’en rapporteraient à lui.

Les électeurs demandaient vraisemblablement le jugement du roi de France parce qu’il n’était pas en état de le donner. Les