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ANNALES DE L’EMPIRE.

et des Henri V. Maximilien, qui avait promis une armée, suit le roi d’Angleterre en volontaire ; et Henri VIII donne une solde de cent écus par jour au successeur des césars, qui avait voulu être pape. Il assiste à une victoire que remporte Henri à la nouvelle journée de Guinegaste, nommée la journée des éperons, dans le même lieu où lui-même avait gagné une bataille dans sa jeunesse.

Maximilien se fait donner ensuite une somme plus considérable : il reçoit deux cent mille écus pour faire en effet la guerre.

La France, ainsi attaquée par un jeune roi riche et puissant, était en grand danger après la perte de ses trésors et de ses hommes en Italie.

Maximilien emploie du moins une partie de l’argent de Henri à faire attaquer la Bourgogne par les Suisses. Ulric, duc de Virtemberg, y amène de la cavalerie allemande. Dijon est assiégé. Louis XII allait encore perdre la Bourgogne après le Milanais, et toujours par la main des Suisses, que la Trimouille ne put éloigner qu’en leur promettant quatre cent mille écus au nom du roi son maître. Quelles sont donc les vicissitudes du monde, et que ne doit-on pas espérer et craindre, puisqu’on voit les Suisses, encore fumants de tant de sang répandu pour soutenir leur liberté contre la maison d’Autriche, s’armer en faveur de cette maison, et qu’on verra les Hollandais agir de même !

1514. Maximilien, secondé des Espagnols, entretient toujours un reste de guerre contre les Vénitiens. C’est tout ce qui reste alors de la ligue de Cambrai ; elle avait changé de principe et d’objet : les Français avaient été d’abord les héros de cette ligue, et en furent enfin les victimes.

Louis XII, chassé d’Italie, menacé par Ferdinand d’Aragon, battu et rançonné par les Suisses, vaincu par Henri VIII d’Angleterre, qui faisait revivre les droits de ses ancêtres sur la France, n’a d’autre ressource que d’accepter Marie, sœur de Henri VIII, pour sa seconde femme.

Cette Marie avait été promise à Charles de Luxembourg. C’était le sort de la maison de France d’enlever toutes les femmes promises à la maison d’Autriche.

1515. Le grand but de Maximilien est toujours d’établir sa maison. Il conclut le mariage de Louis, prince de Hongrie et de Bohême, avec sa petite-fille Marie d’Autriche, et celui de la princesse Anne de Hongrie avec l’un de ses deux petits-fils Charles ou Ferdinand, qui furent depuis empereurs l’un après l’autre[1].

  1. Voyez les années 1519 et 1557.