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CHARLES-QUINT.

disant que Dieu n’est dans le pain que par la foi, et les luthériens affirmant que Dieu était avec le pain, dans le pain et sur le pain ; mais tous s’accordant à croire que le pain existe. Genève, Constance, suivent l’exemple de Berne. Ces zuingliens sont les pères des calvinistes. Des peuples qui n’avaient qu’un bon sens simple et austère, les Bohêmes, les Allemands, les Suisses, sont ceux qui ont ravi la moitié de l’Europe au siége de Rome.

Les anabaptistes renouvellent leurs fureurs au nom du Seigneur, depuis le Palatinat jusqu’à Vurtzbourg ; l’électeur palatin, aidé des généraux Truchsès et Fronsberg, les dissipe.

1528. Les anabaptistes reparaissent dans Utrecht, et ils sont cause que l’évêque de cette ville, qui en était seigneur, la vend à Charles-Quint, de peur que le duc de Gueldre ne s’en rende le maître.

Ce duc, toujours protégé en secret par la France, résistait à Charles-Quint, à qui rien n’avait résisté ailleurs. Charles s’accommode enfin avec lui, à condition que le duché de Gueldre et le comté de Zutphen reviendront à la maison d’Autriche si le duc meurt sans enfants mâles.

Les querelles de la religion semblaient exiger la présence de Charles en Allemagne, et la guerre l’appelait en Italie.

Deux hérauts, Guienne et Clarence, l’un de la part de la France, l’autre de l’Angleterre, viennent lui déclarer la guerre à Madrid. François Ier n’avait pas besoin de la déclarer, puisqu’il la faisait déjà dans le Milanais, et Henri VIII encore moins, puisqu’il ne la lui fit point.

C’est une bien vaine idée de penser que les princes n’agissent et ne parlent qu’en politiques : ils agissent et parlent en hommes. L’empereur reprocha aigrement au roi d’Angleterre le divorce que ce roi méditait avec Catherine d’Aragon, dont Charles était le neveu. Il chargea le héraut Clarence de dire que le cardinal Wolsey, pour se venger de n’avoir pas été pape, avait conseillé ce divorce et la guerre.

Quant à François Ier, il lui reprocha d’avoir manqué à sa parole, et dit qu’il le lui soutiendrait seul à seul. Il était très-vrai que François Ier avait manqué à sa parole ; il n’est pas moins vrai qu’elle était très-difficile à tenir.

François Ier lui répondit ces propres mots : « Vous avez menti par la gorge, et autant de fois que le direz vous mentirez, etc. Assurez-nous le camp, et nous vous porterons les armes. »

L’empereur envoie un héraut au roi de France, chargé de signifier le lieu du combat. Le roi, avec le plus grand appareil,