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ANNALES DE L’EMPIRE.

sous les deux espèces aux laïques, et le mariage aux prêtres. Plusieurs cérémonies indifférentes y étaient sacrifiées aux luthériens, pour les engager à recevoir des choses qu’on disait plus essentielles.

Ce tempérament était raisonnable, c’est pourquoi il ne contenta personne. Les esprits étaient trop aigris : l’Église romaine et les luthériens se plaignirent ; et Charles-Quint vit qu’il est plus aisé de gagner des batailles que de gouverner les opinions. Maurice, le nouvel électeur de Saxe, voulut en vain, pour lui complaire, faire recevoir le nouveau formulaire dans ses États ; les ministres protestants furent plus forts que lui. L’électeur de Brandebourg, l’électeur palatin, acceptent l’interim. Le landgrave de Hesse s’y soumet pour obtenir sa liberté, qu’il n’obtient pourtant pas.

L’ancien électeur de Saxe, Jean-Frédéric, tout prisonnier qu’il est, refuse de le signer. Quelques autres princes et plusieurs villes protestantes suivent son exemple ; et partout le cri des théologiens s’élève contre la paix que l’interim leur présentait.

L’empereur se contente de menacer ; et comme il en veut alors plus au pape qu’aux luthériens, il fait décréter par la diète que le concile reviendra à Trente, et se charge du soin de l’y faire transférer.

On met, dans cette diète, les Pays-Bas sous la protection du corps germanique. On les déclare exempts des taxes que les états doivent à l’empire, et de la juridiction de la chambre impériale, tout compris qu’ils étaient dans le dixième cercle. Ils ne sont obligés à rendre aucun service à l’empire, excepté dans les guerres contre les Turcs ; alors ils doivent contribuer autant que trois électeurs. Ce règlement est souscrit par Charles-Quint le 26 juin.

Les habitants du Valais sont mis au ban de l’empire pour n’avoir pas payé les taxes ; ils en sont exempts aujourd’hui qu’ils ont su devenir libres.

La ville de Constance ne reçoit l’interim qu’après avoir été mise au ban de l’empire.

La ville de Strasbourg obtient que l’interim ne soit que pour les églises catholiques de son district, et que le luthéranisme y soit professé en liberté.

Christiern III, roi de Danemark, reçoit par ses ambassadeurs l’investiture du duché de Holstein, en commun avec ses frères Jean et Adolphe.

Maximilien, fils de Ferdinand, épouse Marie, sa cousine, fille de l’empereur. Le mariage se fait à Valladolid, les derniers jours