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ANNALES DE L’EMPIRE.

électeurs font en personne, à cette cérémonie, les fonctions de leurs charges, selon la teneur de la bulle d’or. Un ambassadeur de Soliman assiste à cette solennité, et la rend plus glorieuse en signant entre les deux empires une paix par laquelle les limites de la Hongrie autrichienne et de la Hongrie ottomane étaient réglées. Soliman vieillissait, et n’était plus si terrible. Cependant cette paix ne fut pas de longue durée ; mais le corps de l’empire fut alors tranquille.

1563. Cette année est mémorable par la clôture du concile de Trente (4 décembre). Ce concile, si long, le dernier des œcuméniques, ne servit ni à ramener les ennemis de l’Église romaine, ni à les subjuguer. Il fit des décrets sur la discipline qui ne furent admis chez presque aucune nation catholique, et il ne produisit nul grand événement. Celui de Bâle avait déchiré l’Église, et fait un anti-pape. Celui de Constance alluma, à la lueur des bûchers, l’incendie de trente ans de guerre. Celui de Lyon déposa un empereur, et attira ses vengeances. Celui de Latran dépouilla le comte Raimond de ses États de Toulouse. Grégoire VII mit tout en feu, au huitième concile de Rome, en excommuniant l’empereur Henri IV. Le quatrième de Constantinople, contre Photius, du temps de Charles le Chauve, fut le champ des divisions. Le second de Nicée, sous Irène, fut encore plus tumultueux, et plus troublé pour la querelle des images. Les disputes des monothélites furent sur le point d’ensanglanter le troisième de Constantinople. On sait quels orages agitèrent les conciles tenus au sujet d’Arius. Le concile de Trente fut presque le seul tranquille.

1564. Ferdinand meurt le 25 juillet. Un testament qu’il avait fait vingt ans auparavant, en 1543, et auquel il ne dérogea point par ses dernières volontés, jeta de loin la semence de la guerre qui a troublé l’Europe deux cents ans après[1].

Ce fameux testament de 1543 ordonnait qu’en cas que la postérité mâle de Ferdinand et de Charles-Quint s’éteignît, les États autrichiens reviendraient à sa fille Anne, seconde fille de Ferdinand, épouse d’Albert II[2], duc de Bavière, et à ses enfants. L’événement prévu est arrivé de nos jours, et a ébranlé l’Europe. Si le testament de Ferdinand, aussi bien que le contrat de mariage de

  1. Voyez le chapitre v du Précis du Siècle de Louis XV.
  2. Albert II, nommé Albert V dans le Catalogue des empereurs, article Ferdinand, naquit en 1528, selon l’Art de vérifier les dates, qui l’appelle Albert III. Il n’épousa Anne d’Autriche que le 4 juillet 1546, trois ans après le fameux testament.