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MAXIMILIEN II.

L’empereur a le crédit de terminer cette petite guerre civile par une commission impériale qui achève de ruiner la ville.

La flotte de Soliman prend la ville de Chio sur les Vénitiens. Maximilien en prend occasion de demander, dans la diète d’Augsbourg, plus de secours qu’on n’en avait accordé à Charles-Quint lorsque Soliman était devant Vienne. La diète ordonne une levée de soldats, et accorde des mois romains[1] pour trois ans ; ce qu’on n’avait point fait encore.

Soliman, qui touchait à sa fin, n’en faisait pas moins la guerre. Il se fait porter à la tête de cent mille hommes, et vient assiéger la ville de Zigeth. Il meurt devant cette place[2] ; ses janissaires y entrent le sabre à la main, deux jours après sa mort.

Le comte de Serin[3] qui commandait dans Zigeth, est tué en se défendant, après avoir mis lui-même la ville en flammes. Le grand-vizir envoie la tête de Serin à Maximilien, et lui fait dire que lui-même aurait dû hasarder la sienne pour venir défendre sa ville, puisqu’il était à la tête de près de cent vingt mille hommes.

L’armée de Maximilien, la mort de Soliman, et l’approche de l’hiver, servent au moins à arrêter les progrès des Turcs.

Les états de l’Autriche et de la Bohême profitent du mauvais succès de la campagne de l’empereur pour lui demander le libre exercice de la confession d’Augsbourg.

Les troubles des Pays-Bas commençaient en même temps, et tout était déjà en feu en France au sujet du calvinisme ; mais Maximilien fut plus heureux que Philippe II et que le roi de France. Il refusa la liberté de conscience à ses sujets ; et son armée, qui avait peu servi contre les Turcs, mit chez lui la tranquillité.

1567. Cette année fut le comble des malheurs pour l’ancienne branche de la maison électorale de Saxe, dépouillée de son électorat par Charles-Quint.

  1. Lorsque les empereurs allaient se faire couronner à Rome, ils exigeaient des sujets de l’empire les frais de la dépense de leur voyage ; cette dépense se comptait par mois. On assimila à cette dépense extraordinaire les impôts extraordinaires qu’on accorda pour d’autres motifs à l’empereur, et qu’on appela mois romains. Un mois romain se composait de 12,795 fantassins et 2,681 cavaliers, ou, en argent, de 83,964 gouldes d’empire. Le goulde d’empire valait 2 francs 50 centimes. En 1598, on accorda à Rodolphe II vingt mois romains pendant trois ans ; en 1603, on lui en promit quatre-vingts. (B.)
  2. Le 8 septembre, à l’âge de soixante-douze ans, dans la quarante-sixième année de son règne.
  3. Nicolas, comte de Serin (Zrini), est le bisaïeul de celui que Voltaire nomme Serini, et qui périt sur l’échafaud en 1671. Voyez plus loin, le règne de Léopold.