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RODOLPHE II.

la Stirie. Le duc de Mercœur, célèbre prince de la maison de Lorraine, ne put empêcher la prise de cette forte place. Alors les peuples de Transylvanie et de Valachie refusent de reconnaître l’empereur.

1601. La fortune de Sigismond Battori est aussi inconstante que lui-même ; il rentre en Transylvanie, mais il y est défait par le parti des Impériaux. Ce ne sont que des révolutions continuelles dans ces provinces. Heureusement ce même duc de Mercœur, qui n’avait pu ni défendre ni reprendre Canise, prend sur les Turcs Albe-Royale.

1602. Enfin l’archiduc Mathias, plus agissant que son frère, et secondé du duc de Mercœur, pénètre jusqu’à Bude ; mais il l’assiége inutilement. Tout cela ne fait qu’une guerre ruineuse, à charge à l’empereur et à l’empire.

Sigismond Battori, beaucoup plus malheureux, et méprisé par les Turcs qui ne le secouraient pas, va se rendre enfin aux troupes impériales sans aucune condition ; et ce prince, qui devait épouser une archiduchesse, est alors trop heureux d’être baron en Bohême avec une pension très-modique.

1603. Il y a toujours une fatalité qui arrête les conquêtes des Turcs. Mahomet III, qui menaçait de venir commander en personne une armée formidable, meurt à la fleur de son âge. Il laisse sur le trône des Ottomans son fils Achmet, âgé de quinze ans. Les factions troublent le sérail, et la guerre de Hongrie languit.

La diète de Ratisbonne promet cette fois quatre-vingts mois romains[1]. Jamais l’empire n’avait encore donné un si puissant secours ; mais il ne fut guère fourni qu’en paroles.

Dans cette année, Lubeck, Dantzick, Cologne, Hambourg, et Brême, villes de l’ancienne hanse d’Allemagne, obtiennent en France des priviléges que ces villes prétendaient avoir eus, et que le temps avait abolis. Les négociants de ces villes furent exemptés du droit d’aubaine[2], et le sont encore. Ce ne sont pas là des événements d’éclat, mais ils contribuent au bien public ; et presque tous ceux qu’on a vus le détruisent.

1604. L’empereur est sur le point de perdre la partie de la haute Hongrie qui lui restait. Les exactions d’un gouverneur de Cassovie en sont cause. Ce gouverneur ayant exigé de l’argent d’un seigneur hongrois nommé Botskai, ce Hongrois se soulève,

  1. Voyez la note, page 537.
  2. Le droit d’aubaine est aboli en France : voyez la note de la page 181.