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ÉTAT DE L’EMPIRE SOUS LÉOPOLD Ier.

L’empereur, après la paix de Vestphalie, se trouva paisible possesseur de la Bohême, devenue son patrimoine ; de la Hongrie, qu’il regardait aussi comme un héritage, mais que les Hongrois regardaient comme un royaume électif ; et de toutes ses provinces jusqu’à l’extrémité du Tyrol. Il ne possédait aucun terrain en Italie.

Le nom de Saint Empire romain subsistait toujours. Il était difficile de définir ce que c’était que l’Allemagne, et ce que c’était que cet empire. Charles-Quint avait bien prévu que si son fils Philippe II n’était pas sur le trône impérial, si la même tête ne portait pas les couronnes d’Espagne, d’Allemagne, de Naples, de Milan, il ne resterait guère que ce nom d’empire. En effet, quand le grand fief de Milan fut, aussi bien que Naples, entre les mains de la branche espagnole, cette branche se trouva à la fois vassale titulaire de l’empire et du pape, en protégeant l’un, et en donnant des lois à l’autre. La Toscane, les principales villes d’Italie, s’affermirent dans leur ancienne indépendance des empereurs. Un césar qui n’avait pas en Italie un seul domaine, et qui n’était en Allemagne que le chef d’une république de princes et de villes, ne pouvait pas ordonner comme un Charlemagne et un Othon.

On voit, dans tout le cours de cette histoire, deux grands desseins soutenus pendant huit cents années : celui des papes, d’empêcher les empereurs de régner dans Rome, et celui des seigneurs allemands, de conserver et d’augmenter leurs priviléges.

Ce fut dans cet état que Ferdinand III laissa l’empire à sa mort en 1657, pendant que la maison d’Autriche espagnole soutenait encore contre la France cette longue guerre qui finit par le traité des Pyrénées, et par le mariage de l’infante Marie-Thérèse avec Louis XIV.

Tous ces événements sont si récents, si connus, écrits par tant d’historiens, qu’on ne répétera pas ici ce qu’on trouve partout ailleurs. On finira par se retracer une idée générale de l’empire depuis ce temps jusqu’à nos jours.



ÉTAT DE L’EMPIRE SOUS LÉOPOLD Ier,
quarantième-huitième empereur.

On peut d’abord considérer qu’après la mort de Ferdinand III l’empire fut près de sortir de la maison d’Autriche, mais que les